Génétique des lymphœdèmes : mise au point 2015 - 25/02/16
Résumé |
Le lymphœdème est dû à une anomalie des vaisseaux lymphatiques. Le lymphœdème peut être primaire, c’est-à-dire congénital (secondaire à une malformation des vaisseaux, des valves, défaut de maintenance des fonctions) ou secondaire, c’est-à-dire acquis dû à une altération des vaisseaux lymphatique après un traumatisme. L’incidence du lymphœdème quel que soit son origine est de 1,33/1000 environ. L’incidence du lymphœdème primaire est de 1/10 000 à 1/6000 naissances environ. L’apparition du symptôme clinique est le plus souvent avant la 5e année de vie. Le lymphœdème primaire est soit isolé, soit associé à d’autres symptômes cliniques rentrant alors dans le cadre d’une forme syndrome de lymphœdème primaire. Les formes syndromiques sont observées dans environ 40 % des lymphœdèmes primaires. Ainsi un patient sur 2 avec lymphœdème primaire a d’autres symptômes cliniques à identifier pour également les prendre en charge (dépistage, prévention, éducation thérapeutique : médecine personnalisée). Les formes non syndromiques correspondent à 60 % des lymphœdèmes primaires. Parmi les formes cliniques, on distingue le syndrome de Milroy classiquement avec un début d’apparition du lymphœdème avant 1 an et le syndrome de Meige après 1 an. Il existe d’autres formes plus complexes associant l’atteinte lymphatique de plusieurs organes. Le gène majeur impliqué dans le syndrome de Milroy est VEGFR3, alors que le gène impliqué dans le syndrome de Meige serait plutôt le gène GJC2. Ces 2 gènes sont responsables de formes autosomiques dominantes, c’est-à-dire un risque de transmission de 50 % du lymphœdème. Cependant un syndrome de Meige ou de Milroy peut être observé dans une même famille, soulignant la variabilité clinique (phénotype) de l’expression de la maladie génétique (génotype). Les patients avec mutation GJC2 peuvent présenter toutes formes cliniques de lymphœdème, c’est-à-dire très précoce ou tardif, localisé ou diffus. Enfin, un défaut de pénétrance de l’expression du lymphœdème peut être observé chez les patients avec mutation GJC2, c’est-à-dire que certains patients avec mutation GJC2 ne présentent pas de lymphœdème. Ces données remettent en question la classification clinique basée sur l’âge d’apparition du lymphœdème ou l’étendue de l’atteinte du tissu lymphatique. Plus de 20 maladies génétiques peuvent avoir, parmi les autres symptômes cliniques, un lymphœdème primaire. Le pronostic de ces maladies n’est pas toujours lié au lymphœdème et le challenge porte sur la coordination de la prise en charge, du dépistage et de la prévention des symptômes et de l’éducation thérapeutique du patient. Par exemple, les patients avec mutations dans le gène GATA2 ont 20 % de risque d’avoir un lymphœdème primaire congénital et 20 % de risque de présenter une surdité. Par contre 70 % des patients développeront des condylomes par infection à HPV (prédisposition génétique aux infections) ou des infections à mycobactéries atypiques (MONOMAC syndrome). Par ailleurs, 80 à 90 % des patients présenteront un syndrome myéloprolifératif avec une transformation en leucémie pour 14 % d’entre eux. Enfin, 1 femme sur 5 environ aura un cancer du sein. Seul le diagnostic étiologique précis permettra une prise en charge adaptée, personnalisée. Parfois le lymphœdème que l’on croyait secondaire correspond en fait à une révélation d’une maladie génétique responsable de lymphœdème primaire asymptomatique. La réalisation d’une chirurgie va déséquilibrer un état précaire et révéler la maladie. Par ailleurs, l’étude de gènes responsables de lymphœdème primaire chez 80 patients avec lymphœdème secondaire du bras après une chirurgie pour cancer du sein a permis d’identifier 5 % de patients mutés dans GJC2 à la différence d’un groupe contrôle. L’enquête familiale rétrospective a identifié systématiquement un apparenté avec lymphœdème soulignant l’importance de l’interrogatoire familial.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Lymphœdème primaire, Génétique
Plan
Vol 41 - N° 2
P. 112 - mars 2016 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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